Dès les premiers textes réglementant l’organisation de la médecine du travail publiés pendant les années 40, la nécessité de former des secouristes pouvant intervenir dans les entreprises en l’absence de médecin ou d’infirmiers apparaît. Le premier texte définissant un programme d’enseignement du secourisme en France date de la même période, avec la création d’un brevet de sauveteur spécialiste portant sur les « soins aux asphyxiés ». Au cours des deux décennies suivantes, des programmes de formation ont été développés tant en ce qui concerne le monde du travail que la population générale et ont évolué séparément. Ce n’est qu’au cours des années 90 que ces formations, tant du point de vue des programmes que de la pédagogie, ont commencé à évoluer de façon convergente.
En 1957, un programme spécifique de formation des salariés au secourisme a été mis au point par l’Institut National de Sécurité (l’INS, qui deviendra l’INRS en 1968) ; un contrôle de cet enseignement par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale est institué en 1962 par une circulaire qui impose aux associations assurant cette formation de signer une convention avec l’INS et qui réserve aux Caisses Régionales d’Assurance Maladie (CRAM) la délivrance d’un certificat de secourisme en milieu de travail. En 1963, la place du Sauvetage Secourisme du Travail (SST) par rapport au secourisme de la Protection civile a fait l’objet d’un protocole d’accord entre l’INS et le Ministère de l’Intérieur qui définit le SST comme « la formation nécessaire et suffisante que doivent recevoir les membres du personnel des entreprises pour être à même de porter efficacement secours à un camarade accidenté dans l’entreprise ou sur les lieux du travail et de lui prodiguer les premiers soins nécessités par son état ».
En 1966, lors de la création du Brevet National de Secourisme (BNS), il est envisagé de créer une mention « secourisme du travail » ; ce projet n’est pas retenu et le programme de secourisme développé par l’INS (Documents pour le Médecin du Travail N° 89 1er trimestre 2002) garde son autonomie et sa spécificité. La fin des années 60 et le début des années 70 sont marquées par la remise en question du programme de formation. Objectifs, contenu et pédagogie sont réétudiés par un groupe de travail et un nouveau programme est expérimenté au début des années 70. Ce nouveau programme est mis en oeuvre au niveau national en 1974. L’apprentissage du secourisme se fait maintenant de façon pratique, enseignement « gestuel » et non plus théorique, avec une démarche systématique « protéger, alerter, secourir » l’examen rapide de la victime fait appel à la recherche de signes simples à recueillir et conduit à un arbre décisionnel et à la mise en œuvre des gestes de secours adaptés (plan d’intervention) ; cette formation, à laquelle est associé le médecin du travail, est assurée en 8 heures avec des exercices pratiques de mise en situation faisant appel à des situations de risques en entreprise ; un recyclage annuel est prévu. L’objectif de multiplier ces formations, de façon à ce que le plus grand nombre de salariés soit initié à la pratique du SST et régulièrement recyclés, conduit à organiser la formation de moniteurs d’entreprises à partir de 1978. Cette politique de formation de masse associant des organismes de formation, des associations conventionnées, les entreprises et l’Education Nationale a porté ses fruits et a permis un accroissement régulier du nombre de salariés formés et recyclés chaque année. Ainsi, en 2001, pour le seul régime général de la Sécurité sociale, près de 140 000 personnes
ont été formées au SST et plus de 250 000 ont été recyclées. Cette nouvelle approche de l’enseignement du secourisme a fait rapidement ses preuves, et la pédagogie mise en oeuvre pour l’enseignement du SST a été adoptée en 1990 pour la formation destinée au grand public par la Commission Nationale du Secourisme lors de la modification du programme de l’Attestation de Formation aux Premiers Secours (AFPS). La dernière évolution marquante du programme SST précédant l’actualisation 2001 a été l’introduction en 1993 de la réanimation cardio-respiratoire (circulaire CNAM/DPRT n° 46/93 du 18 août 1993), contribuant ainsi au rapprochement de la formation SST de la formation AFPS.